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Musée historique de l'environnement urbain

Nu à la baignoire

Pierre Bonnard

Nu à la baignoire - Pierre Bonnard

1931
Huile sur toile
120 X 110 cm
Paris, musée national d'Art moderne - Centre Georges Pompidou
© ADAGP, Photo CNAC/MNAM, Dist. RMN / Adam Rzepka

Cette œuvre est exposée dans Le bain

L'œuvre

Comme Degas, Bonnard a peint beaucoup de nus dans une baignoire, ou un tub. Parfois même il les a photographiés.
Ce Nu à la baignoire représente sans doute Marthe, la compagne du peintre, qui meurt en 1942.
Bonnard utilise un point de vue original, quasi cinématographique, en plongée. Ainsi perché, il peut à la fois saisir la subtilité de la lumière sur la peau de Marthe, mais aussi les carrelages, le tapis de bain, les vêtements posés sur la chaise, les persiennes - et les blancs de la baignoire et du rideau délicatement colorés.
Ce point de vue élevé, Bonnard l'a souvent employé. Sans être une véritable histoire de peinture, cette composition suggère que la femme naît de l'eau - et parfois même elle se confond encore avec elle, comme si elle ne s'était pas encore différenciée. La baignoire apparaît alors comme une sorte de lieu originel, la Chora de Platon où les formes se matérialisent, ou l'espace, la matrice de Derrida.

L'auteur

Pierre Bonnard, né à Fontenay-aux-Roses en 1867, adhère d'abord au groupe Nabi, avec Vuillard, Vallotton, ou Maurice Denis.
Il a connu Vuillard à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris où il est entré en 1888 après avoir obtenu une licence de droit.
Il aime l'art japonais qui lui offre une conception de l'espace inhabituelle, sans perspective centrée, et des motifs décoratifs luxueux. Il devient avocat en 1890 et passe son temps à dessiner les hommes de loi au palais de justice. En 1893 il rencontre Marthe, qui devient son modèle et sa compagne.
Au début du XXème siècle il voyage: en Italie, en Espagne, en Belgique, en Hollande. A son retour, peu à peu son art s'éloigne des Nabi, ses couleurs s'éclaircissent. Il peint beaucoup de nus, et se passionne pour les reflets de la lumière sur les corps.
Au contact de Monet, en 1912, il s'essaie aux paysages, mais restreint très vite son espace à un jardin, à un intérieur, à une salle de bain, dans des lieux intimistes où il peut marier les reflets de la lumière sur la peau aux motifs décoratifs - fleurs, plantes, carrelages, tentures, etc... Retiré dans le sud de la France où il côtoie Matisse, il meurt au Canet en 1947.