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Musée historique de l'environnement urbain

Suzanne et les vieillards, la chaste Suzanne

Eugène Delacroix

Suzanne et les vieillards, la chaste Suzanne - Eugène Delacroix

XIXème siècle
Huile sur toile
Lille, Palais des Beaux-Arts
© RMN / Philipp Bernard

Cette œuvre est exposée dans Le bain

L'œuvre

La Suzanne de Delacroix est chaste - du moins est-ce le sous-titre de cette esquisse pour un tableau qui ne sera jamais peint.
Cette oeuvre en évoque une autre, une esquisse d'une Piéta conservée au Louvre, peinte en 1837, dont le tableau final, à la composition inversée, se trouve dans l'église Saint-Denys du Saint-Sacrement à Paris.
Dans les deux tableaux, Delacroix a peint une forme, végétale ou minérale, évoquant le rideau d'un théâtre. Dans l'œuvre de Saint-Denys, le rideau s'ouvrait sur une Vierge éplorée, les bras écartés comme s'il s'agissait d'une croix. Il s'ouvre ici sur une scène décrivant une véritable agression: les vieillards s'apprêtent à violer la belle.
Et la chaste Suzanne paraît s'abandonner, comme si elle était morte, transformant du coup les vieillards en croquemorts et le tableau, singularité de sa composition, en une étrange déposition de croix.

L'auteur

Né à Charenton-le-Pont en 1798, Eugène Delacroix est LE peintre romantique français, et l'un des plus grands artistes du XIXème siècle.
Il est le fils d'un homme politique, député puis préfet - mais la rumeur court qu'il est en fait le fils naturel de Talleyrand qui toujours veilla sur lui.
Il est l'élève de Guérin, bon professeur mais médiocre peintre néo-classique.
Grand admirateur de Rubens, de Vélazquez, ou de Véronèse, très vite il privilégie la couleur et hâte le dessin, ce qui l'opposera à son contemporain Jean-Dominique Ingres, l'autre monstre sacré, considéré à tort comme un néo-classique.
Le succès est rapide: ses premières œuvres importantes (Dante et Virgile aux Enfers, 1822, et Le Massacre de Scio, 1824) sont achetées par l'Etat.
En 1832, Delacroix entame un long voyage au Maroc. A son retour, il se consacre à des commandes de grandes décorations, pour le Salon du Roi, au Palais Bourbon, pour le Palais du Luxembourg, le Louvre ou l'église Saint-Sulpice.
Au sommet de sa gloire, il mène une vie mondaine, entre à l'Institut en 1857 et fonde la Société des Beaux-Arts en 1862, deux ans avant sa mort.