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Montgomery

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Bécon-les-Bruyères

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l'omnibus Panthéon-Courcelles de Pierre Bonnard

Omnes omnibus

Le philosophe-mathématicien Blaise Pascal serait l'inventeur des transports en commun urbains : en 1662, il investit dans une entreprise de carrosses publics qui exploite 5 lignes à Paris. Les trajets, les horaires et les tarifs sont fixes. Malgré un démarrage prometteur, l'entreprise fit faillite au bout de 15 ans.

En 1826 Stanislas Baudry, propriétaire d'une minoterie à Nantes a l'idée d'ouvrir des bains publics (c'est le retour en grâce du bain...) pour utiliser l'eau chaude que rejettent ses machines à vapeur. Eloignés du centre ville, ses bains ne font pas recette. Pour attirer la clientèle, il reprend l'idée d'un autre nantais, Etienne Bureau, qui avait mis en place un service navette à cheval pour permettre aux employés de son grand-père de rejoindre les entrepôts à l'extérieur de la ville. L'arrêt de la navette se trouve devant la boutique du chapelier Omnès dont l'enseigne précise « Omnes omnibus », jeu de mot sur la locution latine qui signifie en l'occurrence Omnès pour tous. Les voyageurs prennent l'habitude « d'aller à l'omnibus ». L'expression fait florès puisque de là proviennent autobus, bus... dans toutes les langues. Les nantais adoptent immédiatement ces voitures, non pour se rendre aux bains, mais pour se déplacer. En 1828, comprenant l'enjeu de son succès, Baudry ferme bains et minoterie et monte à Paris pour fonder la Compagnie Générale d'Omnibus. Il a bien du mal à convaincre le préfet Debelleyme d'instituer ce nouveau moyen de transport, celui-ci ayant peur de la gène occasionnée par les arrêts à répétition des voitures dans une circulation déjà congestionnée.

Le succès est de courte durée, sa ruine rapide le conduisant au suicide ; mais l'idée fit son chemin !

Les transports en commun ne réapparaîtront que 150 ans plus tard, difficilement, à Nantes, sous l'impulsion de Stanislas Baudry, avec la naissance de l'omnibus.

Deux extraits de L'Omnibus Panthéon-Courcelles, Fantaisie musicale en une scène de Georges Courteline (mise en musique : Claude Terrasse)

« [...]

L'omnibus Panthéon-Courcelles a ceci de particulier qu'il ne saurait apercevoir une rue sans s'y précipiter tête basse, un kiosque ou un urinoir sans en faire immédiatement le tour. Il est imprévu et loufoque, et rappelle par certains côtés cet étonnant chemin de fer de Sceaux qui se minait le tempérament à courir après sa queue dans l'espoir de la rattraper. D'où il résulte que les concierges des immeubles qu'il rencontre sur son parcours lui jettent des méfiants coups d'œil, avec la crainte manifeste de le voir s'élancer brusquement sous l'une des hautes portes cochères confiées à leur vigilance !... Par bonheur, il a de l'usage, il sait qu'on n'entre pas chez les gens sans frapper ; et c'est ainsi qu'ayant, sans trop d'extravagances, atteint enfin le boulevard Saint-Germain, il s'y arrête pour souffler ; — ce qui lui était bien dû.

[...]

À cette heure, une morne tristesse est peinte sur le visage des pauvres voyageurs. Comme des gens qu'aurait effleurés de son aile le formidable Surnaturel, ils échangent des regards anxieux et pensent qu'à la mention : « complet »immobilisée au-dessus du képi du conducteur, on pourrait sans inconvénient substituer le vers du divin Alighieri : « Lasciate ogni speranza ». Vous avez raison, pauvres gens ; laissez s'éteindre au fond de vos âmes la fleur douce, la fleur parfumée, des consolantes illusions ! Et toi, fils de Mars et de Bellone, cuirassier aux mains gantées de blanc, toi qui, sous l'acier qui te sied, porte un cœur à l'abri des molles défaillances, croise avec résignation tes bras sur ta large poitrine, et, entendant sous ta culotte gémir, hélas ! une fois de plus, le frein d'arrêt de l'omnibus qui te portait à tes amours, renonce, au coin du boulevard extérieur, où il y a une station encore, à goûter les lèvres de Margot».



L'omnibus Panthéon-Courcelles

Alors qu'il prépare l'école des Beaux-arts, Bonnard consacre de nombreux croquis à des scènes de la vie parisienne. En 1895, il saisit sur le vif le passage de l'Omnibus Panthéon-Courcelles. Lourde voiture de 40 places à plate-forme tractée par trois chevaux, c'est alors l'une des lignes les plus fréquentées de la Compagnie générale des omnibus. Bonnard en capte la puissance grâce à une audacieuse mise en scène en contre-plongée. Cette petite huile sur carton, aujourd'hui conservée à la fondation Bemberg, fera en 1899 la couverture de l'édition originale de L'omnibus Panthéon-Courcelles, fantaisie musicale dans laquelle Georges Courteline s'amuse de la légendaire lenteur de la ligne.

Pierre Bonnard

Pierre Bonnard, né à Fontenay-aux-Roses en 1867, adhère d'abord au groupe Nabi, avec Vuillard, Vallotton, ou Maurice Denis. Il a connu Vuillard à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris où il est entré en 1888 après avoir obtenu une licence de droit. Il aime l'art japonais qui lui offre une conception de l'espace inhabituelle, sans perspective centrée, et des motifs décoratifs luxueux. Il devient avocat en 1890 et passe son temps à dessiner les hommes de loi au palais de justice. En 1893 il rencontre Marthe, qui devient son modèle et sa compagne.
Au début du XXème siècle il voyage: en Italie, en Espagne, en Belgique, en Hollande.
A son retour, peu à peu son art s'éloigne des Nabi, ses couleurs s'éclaircissent. Il peint beaucoup de nus, et se passionne pour les reflets de la lumière sur les corps. Au contact de Monet, en 1912, il s'essaie aux paysages, mais restreint très vite son espace à un jardin, à un intérieur, à une salle de bain, dans des lieux intimistes où il peut marier les reflets de la lumière sur la peau aux motifs décoratifs - fleurs, plantes, carrelages, tentures, etc... Retiré dans le sud de la France où il côtoie Matisse, il meurt au Canet en 1947.