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Musée historique de l'environnement urbain

Suzanne et les vieillards

Véronèse Caliari Paolo

Suzanne et les vieillards - Véronèse Caliari Paolo

XVIème siècle
Huile sur toile
198 cm X 198 cm
Paris, musée du Louvre
© RMN / Gérard Blot

Cette œuvre est exposée dans Le bain

L'œuvre

Dans sa version de Suzanne, Véronèse montre des vieillards menaçants, insistants, aux gestes déplacés. Ils ne regardent plus, ils agissent.
L'un d'eux glisse même la main vers la gorge de la belle. Et que fait l'autre, la main droite posée contre la fontaine et la gauche... oui la gauche...? Et le délicieux faune, sculpté comme une figure de proue, lui, observe la scène en souriant: ce n'est effectivement pas le petit chien caché sous la jupe de Suzanne qui défendra sa vertu.
Quoi qu'il en soit, Véronèse parvient ici à créer un camaïeu de gris - ocrés, verdâtres - qui surgit sous l'orangé et le rose des vêtements, et qui teinte le ciel vénitien d'une indicible mélancolie.

L'auteur

De sa naissance à Vérone, en 1528, Paolo Caliari tire son surnom : Véronèse. Mais malgré cette naissance et son installation tardive à Venise (probablement 1557), il est un véritable peintre Vénitien, l'un des plus grands de ce que l'on appelle la Renaissance tardive, avec ses deux contemporains Titien et Tintoret.
Comme ce dernier, Véronèse est un artiste maniériste - par opposition à l'art classique, raffiné et virtuose qu'incarne encore Titien. Grand coloriste, habile dans le trompe-l'oeil, féru d'architecture (son père était tailleur de pierre), Véronèse excelle dans les scènes grandioses - Les Noces de Cana ou Le Repas chez Levi, tableau pour lequel il est condamné en 1573 par l'Inquisition pour les licences prises avec les dogmes religieux.
Comme Tintoret, il peint très vite, mais sa pratique du dumping dans le dos de ses confrères (plus vite, moins cher) lui vaut une mauvaise réputation.
Il meurt à Venise en 1588.