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La collecte du biffin

C'est la démocratisation de l'imprimé qui fait la fortune du chiffonnier : l'industrie papetière a besoin de toujours plus de chiffons. Coton et lin sont très recherchés.
Dès le XVIIIème siècle on taxe l'exportation de chiffons et on l'interdit même au XIXème siècle !
L'autre trésor de la rue, c'est l'os, car ses usages sont multiples : on en extrait le « charbon animal », utilisé pour le raffinage du sucre de betterave dont la production explose, on en fait des boutons, des peignes et des manches de couteau, il entre dans la composition de la gélatine et des colles, il est utilisé comme engrais ; enfin, on en extrait le phosphate pour la fabrication des allumettes.

Mais le chiffonnier récolte aussi le verre, le liège, tous les métaux, le cuir et même le pain !

Les bouts de cigares

Presque toutes les petites industries non classées dans le dictionnaire sont une conquête de l'imagination excitée par les tiraillements de l'estomac. Le premier qui ramassa sur la voie publique un bout de cigare, puis deux, puis trois, et, après avoir haché le tout, vendit cette chose composite comme du tabac à fumer, n'adopta pas, de propos délibéré, cette profession inédite comme on se fait administrateur ou concierge. C'est l'occasion, l'herbe tendre, le besoin de manger qui le jetèrent dans la carrière.

Il fit ensuite ce raisonnement fondé sur la statistique : il se fume, par jour, à Paris, au moins trois cent mille cigares ;
il doit donc y avoir, quelque part, surtout sous les tables extérieures des cafés des boulevards, trois cent mille résidus. Alors l'horizon s'ouvrit ; il entrevit une exploitation en grand, prit des associés, et voilà un fabricant de plus, un fabricant de nicotine prohibée !

Les petites industries d'Edmond Texier in Paris-Guide / par les principaux écrivains et artistes de la France, 1863.

Chiiiiiiiiffonnier !

Chiiiiiiiiffonnier !

La médaille du chiffonnier

La médaille du chiffonnier

Une corporation

Une corporation

Un philosophe

Un philosophe

La collecte du biffin

La collecte du biffin

Les biffins se rebiffent

Les biffins se rebiffent

Les fortifs et la zone

Les fortifs et la zone

Au pays des chiffonniers

Au pays des chiffonniers

Les chiffonniers d'Emmaüs

Les chiffonniers d'Emmaüs

Jopie Huisman, le peintre-chiffonnier

Jopie Huisman, le peintre-chiffonnier

Les temps modernes

Les temps modernes

Passage du puits-bertin, Paul Signac, 1887.
Passage du Puits-Bertin (Clichy)

Le Passage du puits-Bertin, à Clichy, se trouve à côté de l'usine à gaz et de ses sept gazomètres qui furent immortalisés par Georges Seurat en 1883, par Van Gogh en 1887, et par Paul Signac en 1886.

Sur ce dessin, daté de 1886, on voit, placés de part et d'autre d'une maison, deux réservoirs à gaz de l'usine, et un troisième masqué par la maison.
L'œuvre, sans doute réalisée d'après une photographie, montre donc un point de vue légèrement décentré sur la droite par rapport au tableau Les Gazomètres à Clichy, peint la même année. Plus question ici de la théorie des couleurs qui influença Seurat dans l'élaboration du pointillisme. Signac applique le procédé au dessin et les points (mine de plomb et encre) viennent créer par accumulation des contrastes de gris, exactement comme sur une image photographique.

Paul Signac

Ce fils de commerçants aisés, né à Paris le 11 novembre 1863, se passionne très tôt pour la peinture impressionniste, en particulier pour celle de Monet.
Il apprend seul à partir de 1882, fréquente Pissarro, mais sa rencontre avec Georges Seurat (1883) va définitivement influencer son art. Seurat commence alors Un Dimanche à la Grande Jatte, toile à travers laquelle il met au point son procédé pointilliste. Signac, enthousiasmé, adopte le procédé, le mêle au naturalisme de Caillebotte (qui l'initie à la voile), fonde la Société des artistes indépendants (1884), et, après la mort prématurée de Seurat (1891), devient le maître du divisionnisme qu'il théorise dans un essai (1898), D'Eugène Delacroix au néo-impressionnisme.

Mais vers la fin du siècle sa touche devient moins méthodique, plus large, plus libre. Il s'installe à Saint-Tropez où il fait venir Matisse en 1904.
Il peint des marines, des paysages et les ports qu'il découvre lors de ses nombreux voyages en mer qui le mènent à Venise, à Constantinople, à Rotterdam ou à Londres. Installé à Antibes en 1913, il peint surtout des aquarelles.
Il meurt de septicémie le 15 août 1935 à Paris.

© RMN (Musée d'Orsay) / Michèle Bellot