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De la récup' au recyclage

Le personnage du chiffonnier traverse tout le film de Jacques Tati pour préparer un gag à épisodes : au début du film, le chiffonnier, une fois sa charrette pleine, va livrer ses trouvailles à l'usine « Plastac » qui fabrique des tuyaux de plastique.
Puis Hulot s'y fait embaucher et, par maladresse, gâche une partie de la production.
On appelle alors le chiffonnier afin qu'il débarrasse l'usine de ces rebuts. Commence alors une quête hilarante de la meilleure façon de se défaire de ces déchets de plastique qu'alors on ne savait pas recycler.

Datant de 1958, le film, qui oppose l'art de vivre « à l'ancienne » au mode de vie moderne, pointe d'un doigt visionnaire la problématique de la gestion des déchets générés par la société de consommation.

Chiiiiiiiiffonnier !

Chiiiiiiiiffonnier !

La médaille du chiffonnier

La médaille du chiffonnier

Une corporation

Une corporation

Un philosophe

Un philosophe

La collecte du biffin

La collecte du biffin

Les biffins se rebiffent

Les biffins se rebiffent

Les fortifs et la zone

Les fortifs et la zone

Au pays des chiffonniers

Au pays des chiffonniers

Les chiffonniers d'Emmaüs

Les chiffonniers d'Emmaüs

Jopie Huisman, le peintre-chiffonnier

Jopie Huisman, le peintre-chiffonnier

Les temps modernes

Les temps modernes

Mon oncle

Dans ses deux premiers films, Jacques Tati opposait déjà le moderne à l'ancien, le futur au passé, ou l'Amérique à l'Europe, l'urbain au rural... Pourtant, si la mixité sociale est bien présente dans la pension des « Vacances », à l'heure des congés payés, dans Mon Oncle, ces deux mondes ne cohabitent plus ; une palissade, frontière branlante, sépare les deux quartiers, l'opulence et la pauvreté,la prétention et la modestie, le stress et le bonheur de vivre, l'égoïsme et la convivialité... Les Arpel, couple bourgeois aisé, viennent d'étrenner leur luxueuse villa à l'architecture futuriste, dans le quartier neuf, avec leur fils Gérard. Celui-ci mène une existence ennuyeuse, entre un père absent et une mère obsédée par le ménage (Gérard associe le son de l'aspirateur à la présence de sa mère !).
Seuls comptent les moments passés à l'arrière du Solex de son Oncle, M. Hulot, à sillonner le vieux quartier où il habite.
Le film s'articule autour de ce contraste et Tati n'y va pas avec le dos de la caméra : fustigeant le snobisme, le conformisme, un modernisme déshumanisant (la cuisine-laboratoire-clinique, le jardin au dessin torturé, les fermetures électroniques agressives ou l'idiote et gargouillante fontaine-poisson... seront les prétextes à des gags inventifs parfois répétitifs). On ne communique pas dans cette maison où « tout communique », roucoule Mme.Arpel !
Visionnaire, Tati pose, avec humour et insistance, des questions très actuelles sur l'architecture et l'urbanisme, les services de proximité, la mixité sociale, les relations parents-enfants, la place de l'automobile dans nos villes... Mais Mon Oncle est avant tout un grand film comique : Jacques Tati, de son style original et poétique, impose un rythme nouveau aux scènes et aux gags, développe un cinéma populaire, ambitieux et exigeant.

Le film s'achève sur une note optimiste, père et fils, main dans la main, unis dans une complicité farceuse qu'ils devront apprendre à préserver.

Jacques Tati

Jacques Tatischeff naît aux environs de Paris le 9 octobre 1907. Promis à la succession de son père, encadreur, il abandonne les études pour devenir mime.
Il présentera sur scène puis dans des courts métrages, ses pantomimes sportives. En 1947, il réalise ainsi L'école des facteurs, esquisse prometteuse de son premier long métrage sortant la même année : Jour de Fête.
Le succès, critique et public, salue cette première œuvre. Revendiquant fièrement la filiation avec les grands burlesques américains, Chaplin et Keaton en tête, Tati impose un style personnel et décalé, un cinéma muet et très sonore : un grand cinéaste comique est né !

En 1953, Les Vacances de Monsieur Hulot remporte un triomphe international, notamment aux Etats-Unis.
C'est la première apparition à l'écran du personnage emblématique auquel le cinéaste prêtera désormais sa haute silhouette. Mon Oncle sort en 1958 et reçoit les plus prestigieuses distinctions : Prix Spécial du Jury à Cannes et Oscar du Meilleur Film Etranger à Hollywood.
Tati repoussera alors les plus alléchantes propositions, attaché à son indépendance et à sa liberté de création : nous échapperons ainsi à Monsieur Hulot au ski, à New York , ...dans l'espace ou ailleurs !
Le public découvre avec délectation un cinéma drôle et stylisé, basé sur une observation minutieuse et tendre de l'homo sapiens dans un monde en pleine mutation.
Les bienheureux amoureux du cinéma de Jacques Tati, confrontés dans la vraie vie à des bruits insolites, des bribes de conversations ou à des scènes de rue à l'issue incertaine, potentiellement cocasses, se sont tous dits un jour: « on dirait du Tati ! »

Playtime, quatrième opus, est présenté en 1967 et subit un échec retentissant, à la mesure de l'ambition du projet et de son coût; la critique et le public déçus ne s'y retrouvent pas dans cette œuvre gigantesque (152 puis 137 min.), foisonnant de détails où Hulot lui-même semble noyé dans la luxuriance de chaque plan (tourné en 70 mm).
Un film à voir et à revoir et à découvrir à chaque projection !

Jacques Tati ne se relèvera jamais de cet échec.
Les sorties de Trafic en 1971 et de Parade en 1973 n'apaiseront pas l'amertume de leur auteur. Les dernières années sont douloureuses : il est ruiné, privé des revenus de ses quatre premiers films, gravement malade.
Pourtant Tati est honoré en 1977 par l'académie des Césars, pour l'ensemble de son œuvre, exemplaire et cohérente: 6 films en 35 ans ! Il achèvera l'écriture de ce qui devait être son prochain film : Confusion. Jacques Tati meurt d'une embolie pulmonaire le 4 novembre 1982.

© SPECTA FILMS C.E.P.E.C. Les Films de Mon Oncle