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Tous les chemins mènent à Rome

Tous les chemins mènent à Rome

A l'abri des remparts

A l'abri des remparts

Le plan de Paris de Belleforest

Le plan de Paris de Belleforest

Le pont-neuf

Le pont-neuf

Paris, ville ouverte

Paris, ville ouverte

Haussmann : ministre de Paris

Haussmann : ministre de Paris

Tout communique !

Tout communique !

La rue passagère

La rue passagère

Tu me fais tourner la tête...

Tu me fais tourner la tête...

Tous dans la rue !

Tous dans la rue !

Les processions

Les processions

De la ligue à la fronde

De la ligue à la fronde

Battre le pavé

Battre le pavé

En avant, marche !

En avant, marche !

Rude, la République !

Rude, la République !

Faites la fête !

Faites la fête !

Le boulevard du crime

Le boulevard du crime

Le carnaval

Le carnaval

La rue laborieuse

La rue laborieuse

Les colporteurs

Les colporteurs

Autour de la Halle

Autour de la Halle

Le Service du Pavé

Le Service du Pavé

Des boueux aux éboueurs

Des boueux aux éboueurs

Sous le macadam, les pavés

Sous le macadam, les pavés

Fiat lux

Fiat lux

Dormez en paix, braves gens !

Dormez en paix, braves gens !

La rue policée

La rue policée

Faites la fête !

Saturnales chez les romains, ducasses ou foires médiévales, feux de la Saint-Jean, Jour des fous, carnavals, techno-parades, fête des immeubles, sont des ciments de la vie urbaine... et garantissent l'urbanité des jours ordinaires.
Car le corps social n'a pas seulement besoin de grand-messe fédératrice, il a aussi besoin d'exutoires.
La vie en ville génère des tensions qu'il convient de relâcher avant qu'elles ne tournent en mécontentements, voire en révoltes.
Les diverses fêtes, sacrées ou païennes, qui rythment l'année participent donc à la paix sociale en raison même des débordements qu'elles suscitent.

La Fête des diacres saouls du temps de Philippe Auguste

« Alors les ecclésiastiques au milieu du choeur s'y livraient à toute espèce de folies et de désordres ; les uns y dansaient, sautaient, d'autres, pendant la célébration de la messe, venaient sur l'autel même jouer aux dés, jeu alors sévèrement prohibé, y buvaient, y mangeaient de la soupe, des boudins, des saucisses, les offraient au prêtre célébrant sans les lui donner, faisaient brûler dans un encensoir de vieux souliers et le forçaient à en respirer la désagréable fumée.

Après cette messe, le désordre, les extravagances, les profanations prenaient un nouveau caractère de gravité.
Les ecclésiastiques enhardis par l'usage et par les fumées bachiques se livraient au délire d'une joie grossière et bruyante et offraient l'image des antiques saturnales qui se célébraient à la même époque. Des sauts, des danses lascives, des luttes, les gestes de la luxure, les cris, les chansons obscènes étaient les principales actions de cette orgie ecclésiastique, mais n'en étaient pas les seules.

On voyait des diacres, des sous-diacres enflammés par le vin, se dépouiller et se livrer entre eux aux débauches les plus criminelles.

D'autres, chez lesquels la colère avait succédé à la joie, augmentaient le vacarme en se querellant, en se battant.
Il arrivait quelque fois que le sol de l'église était ensanglanté.

La fête ne se bornait pas là. Les ecclésiastiques, sortis de l'église, se répandaient dans les rues ; les uns montés sur des tombereaux chargés de boue et d'ordures, s'amusaient à en jeter sur la foule du peuple qui les suivait, et marchaient ainsi en triomphe dans les places et les rues assez larges pour le passage d'un tombereau. »

Extrait de Histoire physique civile et morale de Paris de Jacques-Antoine Dulaure, 1854.

Combat du carnaval et du carême

Avant de peindre ce tableau, Bruegel a voyagé en Italie, jusqu'à Naples en 1552, puis à Rome en 1552-53 où vivait encore Michel-Ange.
Or il semble que la peinture italienne, dont on peut trouver, en cherchant bien, quelques vagues traces dans Le Port de Naples ou La Chute d'Icare, n'ait eu sur lui aucune influence.

Le Combat du carnaval et du carême, aujourd'hui conservé à Vienne en Autriche, est un véritable tableau flamand,
une fête paysanne, une scène de genre alors très prisée, où la seule influence que l'on peut déceler, dans la représentation des personnages et de leurs déguisements, est celle de Jérôme Bosch, qui mourut peu avant la naissance de Bruegel, en 1516.
L'Ancien adopte ici une vision en hauteur, et refuse la perspective centrée si chère aux Italiens. Il compose son tableau selon une ellipse s'achevant en volutes autour des maisons, tout en répartissant symétriquement les personnages du premier plan autour d'un axe central.
Ainsi dit-il peut-être, sous l'alibi de la fête, de l'opposition carême (maigre) / carnaval (gras), la violence d'une autre opposition (Catholique contre Luthériens) qui préfigure la répression sanglante menée par le duc d'Albe à partir de 1567.

Pieter Bruegel

On ne sait pas grand chose de Pieter Bruegel dit l'Ancien, pas même la date de sa naissance que l'on place par déduction entre 1525 et 1530. On sait en revanche celle de sa mort : 1569. Le document précisant qu'il décéda medio aetatis flore (dans la fleur de l'âge), on suppose qu'il vécut une quarantaine d'années.
On ne connaît pas plus le lieu de sa naissance : Breda dans le Brabant hollandais, ou Breda dans le Limbourg belge ? Son nom apparaît pour la première fois en 1551 à Anvers :
il est reçu maître de la guilde de Saint-Luc.
L'année suivante il voyage en Italie. On pense qu'il fréquentait aussi bien ses riches mécènes que les campagnards chez lesquels il s'invitait aux noces.
En 1562, il quitte Anvers et s'installe à Bruxelles où il épouse l'année suivante la fille du peintre Pieter Coecke van Aelst qui, selon certains historiens, fut son maître.
En 1564 naît son premier fils Pieter Bruegel, dit le Jeune et en 1568 le second, Jan, dit de Velours, tous deux peintres et qui continueront, après la mort du père en 1569, à perpétuer le style Bruegel, très en vogue durant tout le XVIème siècle.

© Joseph S. Martin - ARTOTHEK