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Tous les chemins mènent à Rome

Tous les chemins mènent à Rome

A l'abri des remparts

A l'abri des remparts

Le plan de Paris de Belleforest

Le plan de Paris de Belleforest

Le pont-neuf

Le pont-neuf

Paris, ville ouverte

Paris, ville ouverte

Haussmann : ministre de Paris

Haussmann : ministre de Paris

Tout communique !

Tout communique !

La rue passagère

La rue passagère

Tu me fais tourner la tête...

Tu me fais tourner la tête...

Tous dans la rue !

Tous dans la rue !

Les processions

Les processions

De la ligue à la fronde

De la ligue à la fronde

Battre le pavé

Battre le pavé

En avant, marche !

En avant, marche !

Rude, la République !

Rude, la République !

Faites la fête !

Faites la fête !

Le boulevard du crime

Le boulevard du crime

Le carnaval

Le carnaval

La rue laborieuse

La rue laborieuse

Les colporteurs

Les colporteurs

Autour de la Halle

Autour de la Halle

Le Service du Pavé

Le Service du Pavé

Des boueux aux éboueurs

Des boueux aux éboueurs

Sous le macadam, les pavés

Sous le macadam, les pavés

Fiat lux

Fiat lux

Dormez en paix, braves gens !

Dormez en paix, braves gens !

La rue policée

La rue policée

La rue passagère

Bizarrement, alors que la rue se police, Jean Dubuffet dépeint une rue anarchique, peuplée de gens qui ne semblent pas maîtriser leurs déplacements.
C'est que la rue n'est pas qu'une voie de passage, c'est un organisme vivant avec son rythme, ses lois et leurs détournements.

A une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,

Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! Trop tard ! Jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal.

Les piétons sont tour à tour badauds, clients, promeneurs... Dans La rue passagère, l'ambiguïté du titre révèle la polyvalence de la rue.

La Rue Passagère

La Rue Passagère, daté de 1961, succède à une période de quatre ans (1956-1960) durant laquelle Dubuffet a expérimenté l'abstraction à travers des tableaux très en matières, fait de sable, de goudrons, de paille, ou de feuilles ajoutés à la peinture à l'huile (les Sols, les Texturologies, les Matériologies).
Il revient au dessin enfantin, à ce qu'il a appelé L'Art Brut en 1947 : un trait très schématique, une absence de perspective, une fausse maladresse, des couleurs vives,
un refus de la culture dominante qu'il juge asphyxiante.
Le tableau précède aussi une autre période importante de Dubuffet, celle du cycle de l'Hourloupe, commencé en 1962 et qui s'achèvera en 1974, où il revient d'une façon très graphique, en ramenant la couleur à sa plus simple expression (rouge, blanc, bleu), à la figure humaine, et aux foules dont La Rue Passagère est une préfiguration.
Cette même année, 1961, Jean Dubuffet commence ses expériences musicales avec le peintre danois Asger Jorn, ancien fondateur du mouvement Cobra.

Jean Dubuffet

Jean Dubuffet est né au Havre en 1901, dans une famille aisée - son père est négociant en vin. A 17 ans, il part à Paris suivre des cours à l'académie Julian.
Il rencontre Dufy, Masson, Juan Gris, Fernand Léger qui devient son ami. Mais Dubuffet doute.
En 1924, il s'embarque pour l'Amérique du sud.
L'année suivante, il reprend le commerce de son père au Havre. Puis il se marie (1927), a une fille, et s'installe à Paris en 1929 comme négociant en vin.
Mais la peinture le rattrape. En 1933, il se remet à l'ouvrage, abandonne peu à peu le commerce, divorce, se remarie, et se consacre entièrement à son art à partir de 1942. Le succès est rapide : exposition chez Drouin à Paris en 44, puis à New York en 48. Clément Greenberg lui consacre un article en 49 qui lui assure une grande renommée aux Etats-Unis, où il rencontre Pollock et Duchamp. Jusqu'à sa mort, le 12 mai 1985, la célébrité de Dubuffet ne faiblira jamais : rétrospective au Arts Décoratifs à Paris en 60, au Moma en 62, au Guggenheim en 73.
En 1971, l'artiste crée une Fondation à Paris qui conserve toutes les archives et une collection représentative de l'ensemble de son œuvre.

© ADAGP, Photo CNAC/MNAM, Dist. RMN / Bertrand Prévost